POV :)

" Entre 8 et 10 millions d’Indiens vont entrer tous les ans sur le marché du travail au cours des dix prochaines années ; l’économie du pays va donc devoir créer près d’un million d’emplois par mois jusqu’en 2025." Source https://data.worldbank.org/country/india

vendredi 9 août 2019

Ce qui est à l'oeuvre (OIT)

Je mets cet article, pourtant calme, dans Alerte Rouge parce que je réalise que la réaction de la population se fait avec une telle hystérésis que c'est maintenant qu'il faut tirer le signal d'alarme sur des faits qui sont en apparence insignifiants, comme par exemple les "ordonnances Macron", qui prolongent la loi El Khomry.

"Il n'est pas de paix durable sans justice sociale", telle est l'idée qui a présidé à la création en l'OIT en 1919. Pour mieux comprendre la destruction qui est à l’œuvre aujourd'hui, cette compétition suicidaire des pays les uns contre les autres dans une lutte fratricide d'états devenus de simples entreprises concurrentes, on peut écouter cette émission d'Antoine Garapion avec Alain Supiot, et se dire que peut-être, la victoire des crétins n'est pas une fatalité. Même si hélas elle est sciemment organisée.

Évidemment, cela vous fait ricaner, quand on parle de destruction, de catastrophe. C'est parce que vous n'êtes pas sous les bombes en Syrie, bande d'imbéciles, que vous pouvez vous permettre de sourire quand on vous parle des mécanismes qui sous-tendent la destruction des sociétés.

J'aime cette belle idée que la société traite le travailleur comme un élément du modèle dont elle dispose pour le rapport au travail. Autrefois l'esclavage, hier l'engrenage d'une machine industrielle, aujourd'hui un robot programmable.

Je retiens la citation de Bacon (le philosophe, pas le peintre) :" L'argent c'est comme le fumier. Si on le met en tas, cela crée des nuisances. Si on l'épand, on en retire des bienfaits."

Autre émission à écouter, Avis Critique. Le mieux est encore que je vous colle le texte du site, pour si vous n'allez pas écouter l'émission.


Postcritique - dirigé par Laurent de Sutter

Deuxième temps de l’émission je vous propose de nous pencher maintenant sur le livre collectifPostcritique, dirigé par Laurent de Sutter et publié dans la collection « Perspectives critiques » qu’il dirige aux Presses universitaires de France. Depuis un certain temps, Laurent de Sutter qui est professeur de théorie du droit réunit dans cette collection des auteurs comme Mark Alizart, Johan Faerber, Pacôme Thiellement ou Marion Zilio qui chacun dans leur domaine – philosophie, théorie littéraire, cinéma, art contemporain – proposent des essais qui dynamitent le contemporain.
Ils sont donc réunis avec d’autres, les philosophes Dorian Astor, Emanuele Coccia, Tristan Garcia et Camille Louis… auquel il faut ajouter pour être complet un texte traduit de l’Allemand d’Armen Avanessian… pour faire exploser ce totem de la pensée contemporaine. L’attitude critique nous rend bête. C’est en substance ce que ce livre manifeste entend démontrer. Elle nous rend bête parce qu’elle nous place en surplomb et confère une force démesurée par rapport à ce qu’on prétend juger. Pourtant elle est aujourd’hui dominante : on ne pouvait pas ne pas en parler dans une émission intitulé Avis Critique. 
L’entreprise est audacieuse, et pas toujours évidente à faire tenir tant les dix textes proposés sont de nature différentes, se penchent sur des objets variés qui vont de la philosophie au droit, de la littérature à l’art contemporain… Il y a tout de même des invariants comme l’idée selon laquelle la critique est d’abord une façon de se positionner face au monde, qui fait primer le sujet sur l’objet… mais qui échouerait à transformer le réel, à créer. C’est l’origine de la proposition « postcritique », sortir de la négativité de la déconstruction pour aller vers autre chose. Mais quoi ?
Tous les textes de ce livre (qui sont très différents) ne sont pas là pour dire ça ne sert à rien de critiquer une oeuvre ou de la discuter. [...] Tous les auteurs défendent l'idée qu'il faut déplacer la critique non pas pour venir après elle [...] (dans un sens spatial et temporel). Le livre défend à la fois un constructivisme et un perspectivisme. (Joseph Confavreux)
Il y a un esprit de sérieux dans cet ouvrage, une certaine arrogance qui souvent arrive à un résultat très abscons, verbeux et un manque d'analyse concrète des situations concrètes. Pourquoi ? A la fin  on se pose encore la question. (Joseph Confavreux)
Ce manifeste  "Postcritique" est ambigü (sic)car il réactive une tradition de pensée d'écriture qui le précède. On peut imaginer que Julien Gracq ou d'autres le faisaient déjà et comme le dit Dorian Astor ce qui l'intéresse dans "la postcritique" c'est de dénoncer le discours qui viendrait  délégitimer des savoirs, lui préfère l'idée de dessiner des dégradés aux lignes de démarcations [...] L'un des enjeux de ce manifeste c'est de défendre d'autres manières d'aborder le monde en pensant avec lui et non contre lui, de dépasser des concepts et de renouveler la manière de travailler. (Jean-Marie Durand)

Autre sonnette d'alarme qui m'est venue et que j'intitule " Pourvu que mes amis n'aillent pas penser que je ne pense pas comme il faut !"

Autrefois on attachait une cloche au cou des pestiférés. Ainsi, avant même de les voir, le bon peuple pouvait détaler et ne pas être contaminé. On procède toujours ainsi pour les gens qui risquent de contaminer les autres et les amener à ne pas penser comme il faut. De peur que le bon peuple entende une avis différent que ce qu'il faut répéter, on vous attache au cou le mot d'antisémitisme. A votre approche, le crétin du Saint Pauple de Gauche se bouche les oreilles et s'enfuit en criant "Antisémite, antisémite !".

Cela permet d'éviter que le mouton bêlant n'aille, par honnêteté intellectuelle, voir sur le site de l'humoriste de quoi il retourne. Le risque est grand qu'il n'y trouve qu'un antisionisme de bon aloi. Le risque est surtout qu'il découvre pourquoi il faut penser et parler correctement, et qui a intérêt à ce qu'il continue à bêler à l'antisémitisme.Il pourrait entendre une histoire des Etats-Unis qui, pour caricaturale qu'elle est, incite à la prudence.

Pire encore, il risque de découvrir qu'on vit dans une société de moutons bêlants qui laissent les leurs partir à l'abattoir de l'arbitraire, pourvu que mes amis ne pensent pas que je ne pense pas comme il faut ! Ils pourraient me dénoncer.

Moi en plus de l'étoile jaune et du triangle rose, je porte le carré blanc de ceux qui revendiquent le droit de penser ce qu'ils veulent et de le dire sans risquer l'accusation automatique de déportation.


Et puis ce n'est pas grave, si je me trompe un peu, l'essentiel est que mes amis n'aillent pas penser que je ne pense pas comme il faut. Qu'est-ce que la probité intellectuelle en face de la Shoah ? Est-ce que les nazis étaient honnêtes intellectuellement ? En matière d'antisémitisme, tous les coups sont permis car la cause est sacrée.

" Pourvu que mes amis n'aillent pas penser que je ne pense pas comme il faut !" Mais je ne risque rien, allons rassure-toi, j'ai bien crié "antisémite" plusieurs fois de suite en me bouchant les oreilles avant qu'il ne se mette à parler, comme on m'avait dit de le faire.

" Pourvu que mes amis n'aillent pas penser que je ne pense pas comme il faut !", mais non, ça va, pas de panique, je me suis bien enfui en courant en criant "antisémite" sans écouter ce qu'il disait. J'ai fait comme il faut, j'ai fait comme on m'a dit. Pour les Huttu et les Tutsi, c'est quoi qu'il faut dire déjà, je ne me souviens plus ?

Ils me font penser à ces poupées qui ont un bouton dans le dos et qui récitent un message quand on appuie sur le bouton. Au siècle dernier, c'était Céline. Dès qu'on prononçait le mot, les poupées criaient "Antisémite, antisémite", du coup, impossible d'échanger quoi que ce soit sur le contenu ou le style de -Antisémite ! Maintenant, c'est Dieudonné qui a pris le relais. Dès qu'on entend son nom, il convient de hurler - Antisémite, autant de fois qu'on aura appuyé sur le bouton.

Cela ma rappelle un collégien de mes amis que j'aidais à chantourner un exposé sur je ne sais quelle connerie autour de la lutte contre les genres, thème à la mode aussi dans le genre bouton. C'est pas forcément - Homophobe ! On peut se demander dans quelle mesure - Homophobe ! et nous envisagions, mon jeune ami et moi, de tenter une comparaison avec l'oppression des noirs. Impossible, me dit-il, dès que j'aurai prononcé le mot "noir", la moitié de la salle se lèvera pour quitter l'amphi en hurlant "raciste" et ils n'entendront pas la fin de la phrase, mais j'aurai perdu la moitié de l'amphi.

Vu que le défi était plus ou moins de conserver l'attention des ados plus de vingt secondes sans qu'ils écrivent "lol BG " sur leur téléphone portable, ce n'était pas une bonne idée.

Le problème, c'est qu'il était sérieux, ce que j'ai eu beaucoup de mal à croire, mais il est vrai que je visite peu les collèges depuis que j'ai laissé tomber l'éthologie des primates. Et encore est-ce une insulte à ces nobles animaux.

On voit ici que l'important n'est pas de penser correctement mais d'avoir raison, et pour cela, de dresser les populations à hurler un slogan de façon à couper la phrase de l'adversaire entre 2 et 5 secondes après son début, sans en avoir écouté le contenu.

Si je m'attarde aussi longtemps là-dessus, c'est parce que le problème est brûlant, et que même si ses signaux restent faible, il y a de quoi alerter. Nous sommes en train de redescendre une montagne que nous avions mis des siècles à gravir avec peine. Comme disait je ne sais plus qui à propos de l'eugénisme, nous "dévalons le toboggan sans aucun garde-fou", et même s'il aurait fallu écrire "nous avalons", il en va de même pour le domaine intellectuel.

Aucun OIT ici, il me semble, pour servir de garde-fou contre cette tendance belliqueuse à faire de toute conversation le terrain d'une bataille qu'il faut gagner. Michèle Triballat la dénonçait en l'appelant "hémiplégie de la réflexion".
L'hémiplégie a lieu dans les cercles instruits, pendant que l'autre moitié du cerveau, terrain délaissé, est irrigué à toute pompe par les populismes.

Et c'est bien sûr cette certitude qui me donne la force de monter au créneau à chaque fois. Plus vous abondez à cette attitude qui consiste à répondre à un argument par un slogan, plus vous asséchez votre propre terrain, vous en faites un désert où l'adversaire pourra se déployer à peu de frais, c'est cette évidence aveuglante que vous ne voyez même plus, parce que vous avez abdiqué votre droit de regard sur votre propre pensée !

Ah si, il y a une autre attitude en cours, c'est la répression. Comme on interdit les magazines porno aux mineurs, on interdit les spectacles. Même s'il est louable de se préoccuper des mille crétins qui sont venus écouter un pauvre bougre qui leur prend leur argent, la solution ne sera jamais la quarantaine. Bouchons-leur les oreilles, que le chant des sirènes n'aillent pas nous ravir notre clientèle électorale. Peu importe qu'on laisse ces salopards continuer de mettre en œuvre ce qui a amené là le public. L'important est que le pognon et les votes leur reviennent.

Et de ces salopards dont vous vous faites le bon petit soldat en criant "Antisémite !". Croyez-bien qu'ils sont les derniers à se préoccuper de la question. Pour eux une personne c'est un bulletin de vote sur pied, et on se contrefout de son opinion pourvu qu'il vote comme il faut. C'est de ces gens là dont vous vous faites complices. Vous leur permettez de commettre encore cinq ans de plus les crimes qui amèneront au pouvoir les vrais antisémites mon pauvre, ceux qui ne rigolent pas avec la question.

Mais peut-être avez vous peur de découvrir qui sont vos vrais amis ? Peut-être avez-vous peur de découvrir que vous avez besoin de votre couverture d'ami de tout le monde histoire de vous exonérer de l'examen de leur conduite ? Ce serait tellement bête de découvrir qu'un gueux délinquant qu'on vous a montré du doigt, qui sort du bagne et ne peut vous apporter que des poux est d'une honnêteté intellectuelle préférable à celle de ceux qui peuvent vous rapporter gros.

Ce serait bête de devoir vous obliger à choisir votre camp dans ces termes. Car enfin, c'est bien ce qu'on a toujours demandé aux collabos, de savoir choisir le bon camp. Il suffit d'écouter hurler les loups.

Les questions de haine diverses qu'on utilise pour diviser le peuple, en faire des fractions qu'on élève les unes contre les autres, les sémites contre les tapissiers, les Dupont contre les Wallons, pour soulever les tamuls contre les Tutsi, les moulenga contre les bambara, les crétins contre les Juifs, toutes ces questions ne sont que des outils dans la boîte à outils de gens infiniment plus dangereux que les brebis galeuses qu'on vous désigne du doigt et après lesquelles vous aboyez fidèlement.

Ce qui me chagrine, c'est que bien souvent c'est inconscient. Vous ne réalisez même pas qu'on vous a endoctrinés, et vous pensez penser, et agir selon vos convictions.On n'a pas oublié, dans le programme qu'on vous a implanté, d'implémenter les fonctions de protection du programme. Et le chagrin, ça me fatigue, et de vous voir zombifiés (1), ça me déprime. C'est pour ça qu'après avoir tenté de vous enlever la prise et m'être fait mordre, je vous souhaite une bonne soirée dans un chaos après tout millénaire. Personne n'a réussi avant moi, et il n'y a aucune chance que j'y arrive. Dès que j'aurai 3 lecteurs, ce blog sera accusé d'incitation au racisme, tout le monde applaudira à sa fermeture, et vous aurez vos croquettes à la fin du mois.



Donc, bon vent !


(1) Laurent de Sutter, qui sera chargé de faire le lien entre les 3 sujets de ce billet, dirait "anesthésiés".

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